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Avancer quand on est bloqué : Adam Kahane sur le pouvoir et l’amour

Ce matin, Adam Kahane a fait une intervention remarquable au forum de SOL.

Remarquable, parce son intervention tranche à la fois :

  • Par la manière : 10 minutes de présentation avec deux messages principaux, suivies de 19 minutes de questions et de réponses, vous reconnaîtrez là notre format favori, que ce soit en présentation ou en formation.
  • Par le contenu : une approche simple, et non simpliste, à la résolution de conflits par l’action.

Adam a partagé avec nous ses vingt ans d’expérience, ses vingt ans d’essais et d’erreurs, et dont il attend encore de savoir si certains essais seront ou non des réussites.

Nous nous trouvons tous bloqués à un moment ou à un autre dans des projets importants. C’est normal. En terme d’analyse systémique, nous faisons partie d’un système plus grand et plus complexe : nous ne parlons pas forcément avec les bonnes parties prenantes, nous utilisons des solutions qui ont marché avant, et qui ne fonctionnent pas … les causes sont multiples.

Adam Kahane nous offre deux voies principales pour avancer : le pouvoir et l’amour. Chacune a son côté positif et, si nous en abusons, son côté obscur. Ces deux voies s’appliquent autant à une organisation qu’à des individus.

  • Le pouvoir : utile en terme de mobilisation, d’énergie, de résolution de problème. S’il est utilisé à outrance, il se transforme en bulldozer, en destruction, en élimination des opposants.
  • L’amour : utile sous sa forme d’engagement, de collaboration, la faculté d’embrasser la situation. Utilisé à outrance, ce sera la manipulation (par amour), l’émasculation, voire la suffocation.
Le cycle de transformation sociale

Le cycle de transformation sociale

Nous avons chacun notre préférence, notre voie privilégiée. La pratique d’Adam Kahane montre qu’une bonne utilisation de ces deux voies est de s’en servir à la manière de nos deux jambes, en équilibre dynamique et l’une après l’autre, sans jamais aller trop loin dans une voie – ce serait marcher à cloche-pied !

Ses recommandations :

  • Utiliser les deux voies, ne pas fusionner.
  • Renforcer la voie où nous sommes plus faibles, et ne pas réduire la voie dominante (tentation permanente pour mieux s’entendre).
  • Garder un équilibre dynamique entre ces deux voies, il n’y a pas d’équilibre statique possible.

Ce qui va pousser le pouvoir à dégénérer, c’est le déni d’amour. Ce qui pousse l’amour à dégénérer, c’est le déni du pouvoir.

Power without love is reckless and abusive, and love without power is sentimental and anemic. Power at its best is love implementing the demands of justice, and justice at its best is power correcting everything that stands against love.

Martin Luther King Jr.

Comme le fait que l’amour puisse dégénérer en manipulation posait question,  il nous a donné un exemple : quand le responsable ou le facilitateur, pour des raisons qu’il estime justes, demande à un participant de laisser son point de vue de côté pour le « bien » du groupe, il estime que c’est de la manipulation.

Une image vaut un long post :

Adam Kahane - power and love

Adam Kahane – power and love

Inspiré ? Intrigué ? Prêt(e) à reconsidérer vos moyens d’action quand vous êtes bloqué(e). Nous le sommes !

Anne & Patrick
Les activateurs de management juste.

SOL Global forum – jour 2 : des projets pour l’enseignement

En début d’après-midi, j’ai participé à un atelier plus spécifique sur la place, les atouts et les besoins de l’éducation dans la métamorphose de la société.

J’avais envie de partager avec vous trois points qui m’ont touché cet après-midi.

Tout d’abord, ces quelques propositions de Raymond-François Le Bris, Directeur de l’ENA de 1995 à 2000.

L’éducation n’a plus le monopole du savoir. En France, on n’en a pas tiré les conséquences, ni sur les structures éducatives, ni sur les modes de formation, ni sur les enseignants.

Voici quatre propositions pour améliorer l’enseignement :

  1. Distinguer éducation obligatoire et éducation complémentaire.
  2. Associer des professionnels de tous horizons a la formation.
  3. Dans les parcours de formation, développer les apports personnels des participants, et généraliser le système de l’éducation en alternance.
  4. Individualiser : tenir compte du parcours et de l’expérience de chacun dans son éducation.

Donner du sens a l’éducation. Être adapté aux bénéficiaires.

Ensuite, une réflexion de Peter Senge sur le système éducatif, qui affirme que deux principes soutiennent ce système :

  1. Un principe permanent : Toute société a un système éducatif, sous une forme ou sous une autre. Ce système a longtemps été l’apprentissage, c’est à dire l’éducation au travers d’histoires qui racontent comment les humains grandissent et se développent.
  2. Un principe évolutif :  L’enseignement doit se modifier en même temps que la société se confronte à des challenges nouveaux et change elle-même.

 Le point critique étant dans ce cas le principe 2, peu observé par nos systèmes éducatifs actuels.

Enfin, quelques réflexions de participants, à nouveau brutes de décoffrage et donc enclines à l’exagération, qui viennent nourrir une réflexion que nous avons avec les Facultés Universitaires de Gembloux :

  • La concurrence entre établissements ni les regroupements de pôles universitaires ne mènent pas à un enseignement de meilleure qualité.
  • Les écoles doivent être des centres d’apprentissage
  • L’éducation prépare aux examens, pas à la vie.
  • Les leaders invisibles de demain sont les étudiants d’aujourd’hui.
  • La classe inversée est le futur de l’enseignement

Food for thought, n’est-ce pas ? L’éducation, un beau moyen de créer un management plus juste.

Patrick
Lateral – les activateurs de management juste.

 

SOL Global Jour 2 : les activateurs de la métamorphose

Dans la foulée de la journée d’hier, nous vous proposons les cinq activateurs de la métamorphose des organisations et de la société :

  • Agir globalement et localement, développer le principe de subsidiarité.
  • Faire alliance avec la société (émergente) et toutes les parties prenantes.
  • Innover via l’empathie avec le client.
  • Avoir une vision à long terme.
  • Innover nos modèles de leadership et de gouvernance.
Les 5 activateurs de métamorphose

Les 5 activateurs de métamorphose (cliquer pour agrandir)

Nous avons ensuite travaillé en petits groupes sur les obstacles que rencontrent ces cinq activateurs. Nous vous livrons ci-dessous les obstacles les plus importants et également les pistes de progrès identifiées par les participants au forum, en vous laissant le soin de relier les obstacles à l’activateur correspondant.

  • Le niveau de précision du langage local n’existe pas souvent au niveau global. Il est nécessaire d’apprendre a parler le même langage.
  • Constituer un réseau ne crée pas la relation ni la confiance nécessaire pour travailler vraiment ensemble.
  • Communiquer dans les deux sens, informer ne suffit pas. Tenir compte de la multiculturalité.
  • Abandonner le modèle classique de leadership, paternaliste, offrant la protection en échange de l’obéissance.
  • Revoir les modèles mentaux qui guident l’écoute du client (ou sa non-écoute)
  • Faire passer les besoins et idées du client auprès des managers, même si c’est très difficile.
  • Abandonner la culture du court terme et de la mise sous pression.
  • Partager toutes les informations avec la base, et pas seulement avec les actionnaires.
  • Passer au-delà de la peur.
  • Reconnecter la base avec le management, pour restaurer communication et confiance.

Ce qui nous frappe, c’est à quel point 400 participants peuvent sélectionner des obstacles et plans d’action si universels.

Nous commençons un world café sur les solutions possibles.
Et vous, êtes-vous inspiré ?

Anne et Patrick
Les activateurs de management juste.

Génération Y en direct @ SOL

Ce matin, un panel de trois jeunes personnes a pris la parole lors du SOL Global Forum.
Voici les quatre points qu’ils ont voulu partager avec nous, après deux heures de préparation, et qui représentent les points de vue de leur génération Y (nous dans le texte qui suit).

1. No sense is nonsense – nous devons réinventer les notions de succès, de futur et même de progrès.
2. Less is more – nous devons nous distancier du concept de richesse matérielle comme but dans la vie.
3. We are all worth being listened to – Tout le monde est égal. Tout le monde a du talent, quel que soit son genre, son âge, son éducation et donc Tout le monde doit être écouté avec respect. Les employés ont de meilleures idées que leurs patrons. Les élèves apprennent aux professeurs. L’empowerment, c’est normal, ca ne devrait pas être l’exception. L’égalitarisme, c’est une realite qui fonctionne.
4. Fear is nothing to stop you – nous prenons le bonheur au sérieux.

Brut de décoffrage, et à savourer en prenant son temps.
Si nous prenions le temps de demander à nos employés ou collaborateurs de la génération Y de faire la même chose ?

Anne et Patrick
Les activateurs de management juste.

En direct du SOL Global Forum 2014

Depuis ce lundi jusqu’à mercredi, Lateral participe au forum mondial de SOL, the Society for Organisational Learning, qui se tient à Paris.

Quelques thèmes qui seront abordés, dans le cadre global de la métamorphose de notre société :
– les nouveaux types de leadership
– la nouvelle gouvernance
– les nouveaux modèles économiques
– la transformation intérieure
– les apprentissages
– les cités apprenantes (un monde durable)

Vous aurez reconnu ici des thèmes qui nous sont importants. Nous sommes prêts à les introduire dans nos pratiques, et nous avons déjà envie de les partager avec vous.

panel du Sol Global Forum 2014

Quelques pointures du forum SOL : trois jeunes personnes qui ont donné un témoignage émouvant, puis, respectivement 5°, 6° et 8° à partir de la gauche : Alain de Vulpian, Arie de Geus et Peter Senge.

Nous serons heureux d’en discuter avec vous lors de notre retour.

Anne et Patrick
Les activateurs de management juste.

Le SPF Sécurité Sociale, un modèle ?

J’ai eu l’occasion de visiter cette semaine le Service Public Fédéral Sécurité Sociale dans la Tour des Finances, à Bruxelles. C’était une bonne idée du Groupe Epsilon, le bien connu « Learning & Development network » de Belgique.

Quelle bonne surprise ! Quel régal !

Ils nous ont décrit leur histoire, le déménagement du Ministère vers le SPF, la réforme Copernic de 2002, l’arrivée d’un patron qui voulait que cela change… avec le personnel. Aujourd’hui, dans la Tour des Finances, c’est une nouvelle organisation dans de nouveaux locaux. Avec un comité de direction qui prend les gens pour des adultes … c’est déjà une recette gagnante.

Je ne m’attendais pas, dans le service public, à parler d’organisation apprenante, d’émergence d’un nouveau management induit par l’organisation, d’un patron visionnaire, de bottom-up, de cercles de développement, de génération Y à attirer…

Voici une photo de l’open space tel qu’il est réellement après la première révision.

SPFSS_openspace

En fait, ce n’est pas l’arrangement original, plus compact. La raison ?  L’open space est revu, jusqu’à présent tous les 18 mois. S’il y autant de place, c’est que des installations non essentielles ont disparu … au profit de cet espace supplémentaire. Et en même temps, un étage complet de la Tour des Finances a été libéré par le personnel du SPF.

Les fondamentaux du changement tels qu’elles1 nous les ont décrit :

  1. Une vision soutenue par le comité de direction
  2. Être transparent. Ne pas mentir. Communiquer suffisamment et à temps.
  3. Être participatif. Le top-down ne suffit pas.
  4. Soutenir le management par des trajets de développement

Voilà une organisation pour laquelle nous aimerions bien travailler ! Et elle fait des petits ! Entrez donc dans le nouveau monde du travail, qui présente un manifeste commençant comme ceci :

  1. Afin d’évaluer nos collaborateurs, nous raisonnons en termes de résultats, non de présence.
  2. Nos collaborateurs sont parfaitement au fait de ce que nous attendons d’eux, selon des critères qualitatifs et/ou quantitatifs.

Je vous laisse imaginer la suite.

Patrick.
Lateral, les activateurs de management juste.
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1Et oui, 62% de femmes au SPF Sécurité Sociale à l’époque de cette visite.

Pourquoi tant de silence ?

La dernière newsletter de Lateral date du 24 février. Cela fait longtemps.

Cela fait un peu plus d’un mois aujourd’hui que mon papa a quitté ce monde. Je croyais être prêt… C’était attendu, et plutôt tôt que tard; papa et moi avions eu de nombreuses discussions depuis quelques mois déjà autour du sujet de la vie et de la mort, autour de ce que c’est qu’une « vie bien remplie ». Cela a quand même été un moment difficile. On n’est jamais prêt à la perte de son père.

Pour vivre cet événement, j’ai eu ce luxe inouï de pouvoir prendre du recul, et de laisser toute sa place au deuil, tout en restant en retrait temporaire des affaires de ce monde. Je parle de luxe, car la norme d’aujourd’hui me paraît être de repartir au travail deux jours plus tard après le décès d’un proche. Allez, au boulot, Patrick !

Combien d’entreprises laissent encore ce temps au temps ? Pour ma part, je peux témoigner de combien cela m’a été nécessaire et de combien la présence rassurante de mon épouse m’a aidé à assimiler cette mort. Et combien cette période calme a resserré les liens avec Anne.

Un management plus humain, un management juste, c’est aussi un management qui prend le temps.
La newsletter reprend, aujourd’hui.

Patrick.

Lateral, les activateurs de management juste.
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La responsabilité sans l’autorité : et votre puissance personnelle ?

Ayant donné récemment une série de formations dans une grande entreprise, je reste subjugué par un sentiment d’impuissance que j’ai observée parmi les participants. Impuissance face aux exigences de l’organisation et de leur responsable direct : comment mettre en œuvre une initiative supplémentaire, sans réelle autorité sur mon équipe ?

Les participants ont très fortement réagi quand je leur ai proposé l’affirmation suivante : « La responsabilité sans l’autorité, cela peut rendre les managers fous ». Cette graine de sagesse a été dispensée par Abraham Zaleznik, professeur peu conventionnel à la Harvard Business School, lors de sa visite en 2005 en tant qu’intervenant dans le programme Coaching and Consulting for Change de l’INSEAD.

En effet, la grande majorité des participant(e)s à ces formations, managers et même managers de managers, se plaignaient de ceci : « la tendance organisationnelle dans notre entreprise est de déléguer la responsabilité tout en prenant soin de ne pas déléguer l’autorité ».

C’est un fait que, dans une organisation, si la responsabilité est extensive1 (un manager qui délègue un projet à sa collaboratrice reste responsable de ce projet devant son supérieur), l’autorité est elle intensive (si c’est la collaboratrice qui a le pouvoir d’engager le budget, cette autorité n’est de facto plus celle de son manager). Il y a donc dans une organisation bien plus de responsabilité que d’autorité. Pas de surprise dès lors qu’il soit plus « facile » de déléguer la responsabilité que l’autorité.

Que peut faire le manager quand il reçoit moins d’autorité que de responsabilité ? Se plaindre… 😉 ou s’engager en mettant en jeu sa puissance personnelle.

La puissance personnelle, c’est pour moi le contraire de l’impuissance que j’ai observée. Mettre en jeu la puissance personnelle, c’est la capacité de dire non à une responsabilité sans autorité adéquate, c’est la capacité de faire la demande d’autorité à son supérieur, c’est aussi la capacité de négocier l’autorité minimale pour la responsabilité à endosser.

En mettant en jeu la puissance personnelle, l’équilibre entre autorité et responsabilité est modifié de la manière suivante :

autorité + puissance personnelle = responsabilité2

C’est une solution possible. Quelle est votre solution pour rester sain(e) d’esprit dans une telle situation ?

Patrick.
Lateral, les activateurs de management juste.
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1Au sujet des variables intensives et extensives, voir cet article sur Wikipédia.
2Je vous invite à consulter cet excellent article de Bushardt, Glascoff, Doty, Frank & Burke paru dans Advances in Management, vol. 3 (9), Sep 2010, intitulé « Delegation, Authority and Responsibility: A Reconfiguration of an old Paradigm ». Cet accès direct nécessite un abonnement aux services de EBSCOHost.

 

Connaissez-vous l’effet « Hérisson » ?

Je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous un extrait du dernier ouvrage de Manfred Kets de Vries1The Hedgehog Effect : The Secrets of Building High Performance Teams, dans lequel il nous rappelle le dilemme du hérisson (ou du porc-épic dans sa traduction française) tel que raconté par Schopenhauer et nous montre ses implications à l’analyse de la vie en équipe.

Comme les hérissons en hiver, les membres de l’équipe ont besoin à la fois de proximité et de distance pour se sentir bien. Trop près l’un(e) de l’autre, les membres de l’équipe peuvent se blesser. Trop éloigné(e)s l’un de l’autre, la chaleur de l’équipe n’est plus aussi intense. La position idéale se trouve par essais et erreurs, entre le « trop d’intimité » et le « trop de distance », et cette solution est atteinte par des mécanismes qui sont bien souvent inconscients. Belle image, n’est-ce pas ? Et qu’il est très possible de transposer dans l’expérience d’équipe de chacun — combien d’allers et de retours avant de trouver la position confortable ?

Que pensez-vous de poursuivre votre réflexion sur ce sujet2 ? Commencez en vous évaluant  sur « l’échelle du hérisson » ci dessous : 


Voici deux pistes pour poursuivre :

  • Comment pensez-vous que votre position sur cette échelle affecte vos relations avec les autres ?
  • Vous placeriez-vous au même endroit pour toutes vos relations ? Y-a-t’il une différence ?

Bonne route !

Patrick.
Lateral, les activateurs de management juste.
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1Si vous ne l’avez pas encore deviné à la lecture des articles de ce blog, Manfred Kets de Vries a exercé (et exerce encore) une très grande influence sur moi. Il est une source d’inspiration étonnante.  Ne vous en faites pas pour moi, je m’en rends compte 🙂
2exercice proposé en page xiii de la préface au livre en question.

Holacratie, nous voici ?

Si vous n’avez pas encore été exposé(e) au concept holacratique1, ce sera très probablement bientôt le cas, si je considère la fréquence avec laquelle ce terme apparaît dans les publications et discussions récentes. La Libre Entreprise de ce week-end y consacre d’ailleurs quelques pages, sous le titre à connotation révolutionnaire de « Les Aristocadres à la lanterne ? ».

Voilà un titre qui devrait décevoir les promoteurs de l’holacratie, puisque cette dernière a l’ambition de donner pignon sur rue acceptable à la plupart des principes de la sociocratie, dont le nom, surtout aux États-Unis, mais également ici en Europe, a parfois des relents socialo-communistes bien peu compatibles avec l’idéologie capitaliste traditionnelle.

Mon impression personnelle est que les deux méthodes sont assez similaires, comme le montre2 le tableau ci-dessous :

Sociocratie (d’après sociocratie.net) Holacratie (d’après integralvision.fr)
Le consentement Le pilotage dynamique
Une décision est prise par consentement s’il n’y a aucune objection importante et argumentée qui lui est opposée. Toutes les décisions ne sont pas forcément prises par consentement, notamment pour la gestion courante des affaires. Cependant, il est décidé par consentement quelles décisions peuvent échapper à la règle, comment et par qui elles sont prises et pour quelle durée il est possible de procéder autrement que par consentement. Les décisions se prennent par consentement (et non par consensus), avec une possibilité d’objections ouverte à tous les participants. Seules les tensions présentes comptent. Toutes décisions, politiques, responsabilité,… peuvent être reconsidérés à tout instant. Une bonne décision est une décision réalisable maintenant, et pas nécessairement la meilleure décision.
Les cercles L’organisation en cercles
La structure de décision de l’organisation est parallèle à sa structure fonctionnelle. À chaque élément de celle-ci correspond un cercle. Les cercles sont connectés entre eux et organisent leur fonctionnement en utilisant la règle du consentement. Tous les membres de l’organisation appartiennent à au moins un cercle.
Chaque cercle est notamment responsable de la définition de sa mission, sa vision et ses objectifs, de l’organisation de son fonctionnement et de la mise en œuvre des objectifs définis par le cercle de niveau supérieur.
L’entreprise est structurée en cercles interdépendants et auto-organisés à la manière d’un éco-organisme.
Chaque cercle (ou holon) transcende et inclut les cercles inférieurs ; il poursuit les objectifs fixés, mesure ses résultats, s’adapte et évolue.
Le double lien Liens Leaders & liens Représentants
Un cercle est relié au cercle de niveau immédiatement supérieur par deux personnes distinctes qui participent pleinement aux deux cercles. L’une est élue par le cercle et le représente ; l’autre est désignée par le cercle de niveau supérieur et est le leader fonctionnel du cercle. Selon le principe du double-lien, chaque cercle comprend :
Un lien leader, responsable de l’équipe et de ses résultats,
Un lien représentant qui remonte les besoins de son cercle auprès du cercle supérieur.

Je retiens de cette comparaison que les deux méthodologies proposent une version humaniste du management, même si chaque approche a ses particularités.

Le phénomène est récent, le début officiel de l’holacratie remontant à un article de 2007 du Wall Street Journal, et semble plutôt anglophone3.

Pratiquement, sur holacracy.org, vous pourrez trouver comment mettre en œuvre l’holacratie, et tout en bas de cette page, comment le faire vous-même. Sur cette page se trouvent un guide de démarrage rapide ainsi que la constitution holacratique (lecture ardue à prévoir) qui peuvent servir au démarrage de l’holacratie dans votre organisation, même si les auteurs vous préviennent à de multiples reprises que le faire sans support (de leur part) n’est pas facile 😉

C’est le moment pour vous de pouvoir vérifier l’aptitude de votre organisation à rejoindre Zappos, (une des entreprises pionnières en la matière) et, qui sait, de démarrer ou de continuer le chemin vers une entreprise plus… juste.

Patrick.
Lateral, les activateurs de management juste.
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1Les références à Wikipédia pointent cette fois sur la version anglaise, la version française n’étant pas encore à jour.
2Comme le dirait mon professeur de math à l’époque, il s’agit ici d’une monstration, et en aucun cas d’une démonstration.
3Le jour de parution de cet article, une recherche Google sur « Holacracy » mène à 230 000 résultats, tandis que « Holacratie » produit 11 400 résultats. 20 contre 1 pour nos amis anglophones 🙂