Innovation et synectique : un cocktail avec un seul ingrédient !

Les brainstormings, vous en avez assez fait ? Un peu frustré(e) par le nombre d’idées géniales… et inapplicables ?

Je vous invite dans ce billet à regarder d’un autre oeil une approche d’innovation déjà ancienne et toujours pleine de ressources, la synectique, qui remet le porteur de question au centre du processus d’innovation.

À quoi sert l’approche synectique ?

La synectique est une méthodologie de résolution de problèmes qui se distingue par sa capacité à utiliser de manière consciente nos ressources inconscientes pour apporter des vues novatrices. Son outil principal est l’analogie. Nous l’appliquons avec succès à des problèmes récurrents ou pour lesquels on a l’impression d’avoir envisagé toutes les solutions.

Cette approche est d’ailleurs similaire (utilisation d’analogie et de contradiction) à la méthodologie TRIZ, que nos amis de XFive pratiquent couramment.

Comment ça marche ?

L’approche synectique telle que nous la pratiquons se présente de la manière suivante :

Le processus d'innovation synectique

Le processus d’innovation synectique

Problème donné : la personne qui apporte le problème le décrit d’une manière suffisamment claire pour qu’il soit compréhensible par chacun des participants. Questions et réponses souhaitées pendant la présentation.
Analyse par « expert » : les personnes présentes donnent leur solution, si elles ont déjà rencontré ce problème. Elles peuvent aussi lister ce qui n’a pas marché. Le propriétaire du problème peut engager le dialogue à ce moment : « j’ai déjà essayé cela ».
Problème compris : quelques participants expriment le problème tel qu’ils l’ont compris suite aux deux premières phases. L’animateur choisit une des formulations proposées, avec l’accord du propriétaire.
Analogie (I) : l’animateur demande aux participants de proposer des analogies du problème compris. Il en choisit une qui lui semble la plus pertinente.
Analogie personnelle : l’animateur demande alors aux participants de se mettre dans la peau d’une des parties de l’analogie précédente. Par exemple, si l’analogie I est « le champ de maïs exposé aux intempéries », l’animateur demande de se mettre « dans la peau » d’un plant de maïs et d’échanger autour de cette expérience.
Titrage : l’animateur demande aux participants de créer le titre d’un livre ou d’un film qui, en quelques mots,s’inspire de l’analogie personnelle. Ce titre doit comporter une contradiction. Par exemple : « le clan des solitaires ».
Analogie (II) : l’animateur demande aux participants de proposer des analogies à partir du titre précédent. Il en choisit une qui lui semble la plus pertinente.
Analyse : l’animateur invite les participants à examiner en détail le fonctionnement de l’analogie énoncée à la phase précédente.
Application forcée : l’animateur demande aux participants comment l’analogie pourrait aider à résoudre le problème initial. Le propriétaire du problème note ses points de vue novateurs.
Création d’un point de vue novateur : le propriétaire du problème exprime les nouveaux points de vue  qu’il a sur son problème, et les pistes de solution qu’il retire de la session.

Est-ce que ça marche ?

Récemment, Lateral a eu l’opportunité d’animer deux ateliers de pratique créative lors de la journée plénière d’Alter-Ego consacrée à la co-créativité2. J’animais l’atelier consacré à l’approche synectique, et Étienne Colllignon, partenaire de Lateral, en animait un autre basé sur  la créativité par le dessin.

Le challenge était de produire des points de vue nouveaux, ou mieux des pistes de solution pour un problème pratique apporté par un des participants à l’atelier. Le tout en vingt minutes. Oui oui, vingt minutes, vous avez bien lu. Sur les quatre ateliers successifs, trois ont mené à des pistes de solution novatrices et un atelier a mené à un changement de point de vue.

Difficile d’espérer mieux en un si court laps de temps. Une approche synectique classique peut demander de quatre heures à un jour d’atelier, en fonction de la complexité du problème et du nombre de participants (de 7 à 12).

Les études de référence

La synectique, c’est tout d’abord huit ans de recherches sur le sujet de l’innovation. Commencées en 1944, elles ont été finalement appliquées chez Arthur D. Little en 1951-1952. W. Gordon a publié son livre de référence « Synectics: The Development of Creative Capacity » en décembre 19611. Le dernier article public décrivant l’approche a été publié en 1967 « The Operational Mechanism of Synectics ». Puis vient la création de Synectics Inc. et le passage de cette approche en mode privé. Les développements qui ont encore lieu sont réservés aux praticiens de la société Synectics Inc.

Plus d’information ?

L’article suivant, en français, est une bonne référence pour qui veut aller plus loin : Les démarches analogiques et métaphoriques, par Guy Aznar.

Alors, prêt pour l’innovation synectique ?

Patrick.3
Lateral, les activateurs de management juste.
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1La version française de 1965 et l’originale sont toutes deux épuisées. La version originale peut toujours s’acheter d’occasion sur amazon.com
2Une superbe initiative qui montre toute la vitalité de la Chambre de Commerce et de l’Industrie CCI-LVN. Merci à Jane Betsch pour sa confiance et son organisation sans faille.
3Le titrage de cet article est un clin d’oeil à la phase de titrage de la méthodologie : trouver un titre comprenant une contradiction.

2 Comments

  1. Didier Tollenaere

    Bonjour Patrick.
    Tres intéressant. Cela m’intéresse d’échanger avec toi, la prochaine fois qu’on se voit, sur les similitudes et differences avec le cps (creative problem solving). A tres bientôt 🙂

    • Merci Didier.
      Je crois en effet que cette méthode a des points communs, parfois les racines, avec d’autres méthodes de résolution de problèmes. TRIZ me semblait aussi être dans le champ des comparaisons.

      Nous pourrions en discuter avec Xavier Lepot, de X-Five, qui utilise couramment TRIZ pour la résolution de problèmes techniques.

      From Mysore et à bientôt !

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